EN INTÉRIM – Méserrances salariales

On peut inévitablement penser aux récits de  Joseph Pontus (À la ligne, chez La Table Ronde, 2019), mais les récits de Ker Batia nous épargnent heureusement les violences contre les animaux. 

On pensera aussi à la quête existentielle de Fabrice Loi avec Le Bois des Hommes (chez Yago, 2011), mais le jeune intérimaire a déjà résolu les questions initiatiques et se trouve plongé in media rès dans la survie par l’écriture. 

On gardera le souvenir d'un Thierry Metz (Journal d’un manœuvre, L'Arpenteur, 1990), mais la légèreté de style du jeune Ker Batia permet de surplomber la gravité des situations racontées.

Sur les chantiers, au nettoyage en clinique, au ramassage des huîtres, pendant l'attente des missions, sous le coup des verrouillages administratifs de Pôle-Emploi, la démesure productiviste s'attaque minute après minute à ce qui voudrait pouvoir penser au moins un tant soit peu. Chaque page déverse son lot de saynètes effarantes où la cruauté de nos sociétés rivalise avec l’inconscience des protagonistes. Un rire effrayé écrase une à une les quelques réalités croisées... 

Ce bref ouvrage développe une géographie de l’action où le témoin expérimente par soubresauts de véritables déplacements d’intérêts de classes. Sans la lutte !... Il parvient de la sorte à croiser nombre de paradoxes entre limites abruptes vertigineuses et nouvelles perspectives timidement ajourées. Çà et là dans la manière de Ker Batia se débattant devant la société des hommes au travail, on décèle la même démarche et, déjà, la même faconde assurée que mettait en son temps face au monde littéraire le Julien Gracq du « En lisant, en écrivant ». 

L’humour d’un véritable auteur de thriller pour (d)écrire les grandeurs et servitudes du prolétariat.

Lancement à l'équinoxe, le 21 septembre 2024, avec présentation le vendredi 27 à 18h30 à la BiG, Gourdon, Lot

Dossier de presse : https://www.calameo.com/read/00386167683b284fdb534