Tapuscrits CARTONEROS

En raison d’un emballement du monde, demain s’écrit aujourd’hui 
 

Écrits de l’urgence nés chez les populations pauvres d’Amérique latine, les cartoneros sont des objets-livres confectionnés manuellement : cartons, pages cousues et peintures bariolées tentent de conduire vers la lecture. L’essentiel de cet artisanat réside dans la volonté de ne surtout pas se taire, ne pas laisser tomber dans l’oubli les personnes et les actes vécus. 

Par cette activité collective, accentuée par la pandémie, les peuples les plus divers sortent de leur mutisme obligé. Non seulement, ils ne cèdent rien  aux formatages de l’industrie papetière et livresque, mais de plus, les messages sont directs et atteignent leurs publics avec des qualités esthétiques indéniables que certains appellent « Art pauvre ».

La collection TapuScripts, initialement imaginée pour recevoir des formes courtes porteuses d’expressions libres (avant de paraître en recueil de 25 textes), ouvre donc cette nouvelle année avec la fabrication des premiers d’entre eux que nous avons réussi à élaborer avec autant de soin que de plaisir. Travail d’équipe, entièrement bénévole, personne parmi nous n’est payé, et la seule dépense est celle du papier sur lequel est tiré le texte choisi.

Comment procède-t-on ?

Pour le texte :

• Un petit comité de lecture fonctionne : 5 membres, avec une périodicité variable selon l’actualité ; il approuve la publication et peut soumettre des "corrections d'édition" à l'auteurice – qui peut aussi les refuser !
• Un souhait : que les auteurices nous transmettent, si iels veulent, quelques lignes pour situer leur démarche ou dire qui iels sont. 

Redisons qu’à l'origine, nos cartoneros proviennent des TapuScripts : textes de 3 feuillets max (6 pages recto-verso), que nous retapons à la machine à écrire et pliés façon enveloppe, vendus à l'unité. Mais sur 4 textes que nous avons acceptés, il y en avait déjà 2 de plus de 3 feuillets... Donc nous nous sommes adapté·e·s, et le résultat nous plaît quand même bien ! 

Tous ne seront pas des pliages, nous allons aviser l'envoi pour le rendre beau et personnalisé.

Pour la couv :

    Chacun·e travaille à son rythme, aucune pression, aucune obligation, juste du plaisir.

•     Support de base : carton
•     Nous travaillons avec des matériaux simples, de récup’. Nous ne sommes pas payé·e·s, mais au moins, nous ne devons pas avoir de frais. De toute façon, la récupération, la non-consommation restent un principe. Nous évitons plastiques et matériaux polluants, a fortiori toxiques – même si encre, carton, peinture, etc. sont forcément déjà polluants.
•     A minima, les mentions indiquées sur les couv : "titre", "nom de l'auteurice", "ABC'éditions Ah ! Bienvenue Clantestin·e·s" ; "Collection TapuScript" et le numéro de parution. Pour l'instant : Aidante Familiale porte le numéro 1 ; L’Aiguille, le numéro 2 ; Les Olives, le numéro 3 ; Excuses publiques, le numéro 4. La suite arrive...
•     Les formats sont libres, mais en réalité... pas encore tout-à-fait fixés ! Nous continuons d’explorer les pistes, les formats, le nombre de pages, etc.

    Nous envoyons l’exemplaire que nous trouvons "le plus beau" à l'auteurice.

L’artiste créatrice des couvertures avec reliure cousue à la main façon japonaise, c’est Naz Öke, auprès de qui vous pouvez commander directement les ouvrages : https://www.adoptart.net/

Et si vous passez par chez nous, poussez donc la porte de la Bouquinerie et demandez à voir nos Tapuscrits cartoneros.

(Rappel de notre adresse : 
6, rue du Majou 46300 Gourdon-en-Quercy)

La liste qui suit propose des cartoneros à vendre par commande auprès de jjmu.abc [ arobaz ] gmail.com : prix libres par chèque à l'ordre d'ABC’éditions 

• 5 € (cinq euros), prix sympa 
•  8 € (huit euros) prix soutien 
• 10 € (dix euros) prix cousin·e d'amérique avec un petit a
• 12 € 'douze euros) prix cousin·e d'Amérique avec un grand A
• 15 € (quinze euros) prix de tous les Epsons du Monde

– Ajoutez 3 € pour contribution aux frais postaux (l’augmentation du coût de la vie vaut pour tous et toutes, nous vous proposons de les partager moitié-moitié, une façon de concevoir la solidarité).

Merci de vos encouragements.

Tapuscrit n°1 : Aidante familiale, de Laetitia Tellier (Sujet : la condition sociale)

Amorce : 

« T’as pas compris que c’est un boulot à plein temps ? dis ? t’as pas compris ?
Où que tu sois, où que tu ailles, t’es sur la brèche tout le temps, »

(3 pages)
 

Tapuscrit n°2 : L'Aiguille, de Gérard Jacquemin (Motif : la grimpe)

Amorce :

« Juillet, les marcheurs sont nombreux sur le chemin qui mène au refuge. D'un creuset de verdure, la vallée s'élance vers les crêtes de granit ocre encore parsemées de névés... »

(10 pages)

Tapuscrit n° 3 : Les Olives, de Jean-Jacques M’U, par Zoé C. (thème : Patriarcat, prédateur et cannibale, tout dans un si petit nœud)

Amorce :

 « Pièce authentique en un acte.

De bon matin, il m'arrive de ne pas toujours être en accord avec les règles. Ni avec autre chose. Le soir aussi. Et entre les deux. »

(4 pages)

Tapuscrit n° 5 : Sous la lune, les barbelés, de Zehra Dogan, par Naz Öke (2 pages, thèmes : « Mais pourquoi font-ils ça ? »)

Amorce : Chère amie,
La nuit. Pleine lune au-dessus de nos têtes.
Je me mets à t’écrire sous sa lumière.

[...]

Chute : ... Ils brillent de plus belle, les barbelés, sans vie, sentinelles de ma condamnation.

Zehra Doğan
29 mai 2018 Prison de Diyarbakır