Stéphanie-Alice Sepschatski

Traductrice et archiviste

Exploratrice et diseuse de poèmes qui débordent toutes les frontières, tous les pays, toutes les langues.
Stéphanie-Alice Sepschatski2

Photo : Patrick Salètes, juin 2023, La Malle de Pandora, Le Mans

Stéphanie-Alice est un quartier de soleil entre les lèvres, elle traduit des poèmes de langue espagnole pour donner vie aux mots, donner rythme à la pensée dans le monde carnassier. L’obscur avance, Stéphanie-Alice offre des poèmes-lucioles pour entendre la lumière venue des mots des mondes. Stéphanie-Alice est aussi une passeuse d'histoires, elle occupe un poste d'archiviste depuis 20 ans dans un dépôt d'archives départementales.

Je tressai l’obscure guirlande des lettres : je fis une
porte : pour pouvoir fermer et ouvrir, comme pupille
ou paupière, les mondes.
(José Ángel Valente, Trois leçons de ténèbres, traduit par Jacques Ancet)

 

Stéphanie et Marlene

Fiche bibliographique (notice libraire et communiqué de presse à la fois) : http://fr.calameo.com/read/0038616761d313cf76e9a

« Regardez bien nos visages », Critique de Tieri Briet dans Ballast : https://www.revue-ballast.fr/regardez-bien-nos-visages/

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Menues dépenses

« Grappillant les centimes jetés par la vie
Ainsi chemine la mère
Les autres ne sentent pas sa silencieuse déroute 
Ils la saluent
                       Elle sourit
Alors qu’à table il n’y a que son assiette vide

Elle calcule le peu de lait qui permettra de tenir
Elle rentre du travail
                                     les poches trouées d’espérance
Une honte lui monte au cœur
Elle détourne le regard devant ses enfants
Elle regarde son porte-monnaie
Peu à peu elle arrache le peu de dignité
qui lui reste

Dix, vingt, cinquante – un litre de lait
Dix, vingt, quarante – une demi-baguette de pain

Le vendeur la regarde
Les yeux de la femme prennent une couleur de verre

(Je regrette
                    c’est tout ce que j’ai)

Les regards étrangers tombent sur elle
En la scrutant
Elle soutient le regard 
Le vendeur sourit

Ça me manquait pour rendre la monnaie !

Le porte-monnaie est resté vide
Sur la table
                     un verre de lait et une bouchée de pain

La dignité a sauvé les apparences
La mère se mord les lèvres
Et contient sa peine
                      Elle sourit et bénit les centimes que la vie laisse traîner. » 
(Menue dépense, traduit par Stéphanie-Alice Sepschatski)

 

Avec Stéphanie-Alice Sepschatski s'octroie aux sans-droits le si suggestif archaïsme de ses initiales : Son Altesse Sérénissime sait avoir soin sans avoir sarcasme, supériorité ou superbia.

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journal d’Alice, 14VIII23, 22.37

Retour de la "petite Venise" de l'ouest. Une clope sur le seuil de la porte : entre chienne et louve. déphasée, éparpillée comme les ailes des papillons du mur de la chambre de la petite. J'ai pensé : Moi et elles. Elles et moi. Des chiennes éreintées et essorées. Le titre de De Luca est remonté à la surface de mes pensées : Les Saintes du scandale. Parler d'elles, de leurs vies, de leurs jus d'orange matinal. De leurs flots de parole et leurs sans parole dans LEURS cuisines. J'écoute l'austérité violente et la gaieté éblouissante

frontalité de leurs tendresses
dureté

J'ai envie de dire leurs histoires, de raconter comment c'est venu dans le journal d’Alice.  Pendant que j'écris, je ne hurle pas. Pendant que j'écris, je ne pleure pas. Va falloir que j'infuse, que je décante. Et quoi d'autre ? tout et rien, l'amour et la ville de Chartres, tiens ! J'arrête d'écrire. Le soleil a fini de se coucher, là devant moi. Le soleil finira de se coucher dans mes yeux.

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Au Prieuré XVe, de Lavaré, les 2-3 et le 15 septembre, lectures du journal de S.A.S., programme détaillé sur leboucandesarts.com

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